Le solo « O Brother Sun and Sister Moon », créé par Ted Shawn (1891-1972) en 1931, est le fruit d’une dizaine d’années de recherche sur la vie de saint François d’Assise. Le titre choisi par le chorégraphe américain pour cette danse, « plus chère à son coeur, confie-t-il, que toutes [ses] autres oeuvres »(1) , est une référence directe au « Cantique du frère Soleil » (ou « Cantique des créatures »), écrit en 1224 par le religieux italien saint François d’Assise. Dans ce texte, considéré comme le premier grand poème de la langue italienne, le fondateur de l’ordre mendiant des franciscains rend grâce à Dieu pour les merveilles de la Création : « Loué sois-tu, mon Seigneur / Pour toutes tes créatures / Et surtout Messire Frère Soleil / ... / Loué sois-tu, mon Seigneur / Pour Soeur la Lune et les étoiles. » Le solo de Ted Shawn s’inspire de ce cantique pour affirmer et célébrer le corps humain, tout particulièrement le corps dansant, comme une manifestation à part entière du divin.
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Figures du solo
Articles
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O Brother Sun and Sister Moon
23 septembre 2011, par abdel -
Ruth Saint Denis - Dance of the Day
23 septembre 2011, par abdelLe 25 novembre 1892, Ruth Saint Denis, appelée à devenir l’une des figures fondatrices de la danse moderne, n’est encore qu’une toute jeune adolescente lorsqu’elle assiste, médusée, à la représentation de the « Dance of the Day », donnée par Geneviève Stebbins (1857-v. 1914) au Madison Square Theatre de New York. Dans son autobiographie, écrite presque cinquante ans plus tard, en 1939, Ruth Saint Denis se souvient encore de l’effet saisissant produit par cette oeuvre, qu’elle décrit ainsi : « Au commencement de la scène, [Geneviève Stebbins] était allongée sur le sol, endormie ; puis, le soleil matinal la réveillait, et pour se baigner dans ses rayons, elle se dressait sur ses genoux, avec un adorable mouvement enfantin.
D’un pas léger et rythmé, elle signifiait le matin et le retrait de la lune. Ensuite commençaient les mouvements plus lents de l’après-midi, mêlés de tristesse au moment où les derniers rayons du soleil la ramenaient à genoux, puis à nouveau dans la posture couchée du sommeil. »(1) Pour Ruth Saint Denis, ce solo est déterminant : il va orienter toute sa carrière, en lui montrant le chemin d’une danse qui, affranchie du souci d’illustrer un texte (livret, poème...), raconte par le seul pouvoir d’évocation du mouvement et de son organisation dans le temps et l’espace. Le solo « Radha » qui, en 1906, lancera la carrière de Ruth Saint Denis et lui vaudra une réputation de pionnière, se situe ainsi dans la lignée de l’oeuvre de Geneviève Stebbins. -
Isadora Duncan - La Marseillaise
23 décembre 2011, par abdelC’est dans une France déchirée par la première guerre mondiale que la danseuse Américaine Isadora Duncan (1877-1927) crée le solo intitulé « La Marseillaise », sur l’hymne militaire du même nom composé par Claude-Joseph Rouget de Lisle en 1792(1). Jouant de la référence révolutionnaire et patriotique, Isadora Duncan, drapée de rouge(2), chorégraphie un solo puissamment émotionnel pour exhorter les Français au courage et à la résistance contre l’ennemi. La danseuse, très attachée à la (...)
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Isadora Duncan - La Mère
23 décembre 2011, par abdelEn 1921, Isadora Duncan (1877-1927) est invitée par le commissaire à la Culture de la toute jeune Union soviétique, à venir fonder à Moscou une école de danse gratuite. C’est la consécration du rêve de toute une vie, celui d’une danse enfin accessible à tous(1). L’artiste américaine chorégraphie des danses de groupe sur des chants russes populaires ou révolutionnaires, notamment sur l’hymne communiste de l’Internationale. Ses étudiants les dansent en tournée à travers les républiques de (...)
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Lamentation
23 septembre 2011, par abdelLe solo « Lamentation » est l’une des premières oeuvres véritablement originales de Martha Graham (1894-1991). Lorsqu’elle conçoit cette danse en 1930, la chorégraphe a déjà quitté la Denishawn School, berceau de sa formation, depuis sept ans(1). Elle a donné un premier récital indépendant en 1926, mais le style de ses danses est alors encore imprégné de l’exotisme caractéristique des productions de Ruth Saint Denis (1879-1968) et Ted Shawn (1891-1972), ses maîtres à la Denishawn. Deux ans plus tard, en 1928, Martha Graham a cependant éliminé les dernières traces de cette influence : son style personnel s’affirme dès lors avec force et cohérence.
L’enseignement aura largement contribué au processus d’émancipation de la danseuse. Dans le contexte difficile de la fin des années 1920 aux Etats-Unis - le crack boursier de 1929 achève de plonger le pays dans une crise économique et sociale sans précédent -, les danseurs gagnent péniblement leur vie. Martha Graham est contrainte d’enseigner pour compenser les faibles revenus de ses récitals. Engagée comme professeur de danse dans une école de musique, puis de théâtre, l’aspirante chorégraphe est confrontée à la nécessité de transmettre son art. Elle se lance alors dans un examen approfondi des principes et des moyens de la danse et en redéfinit radicalement les priorités. Dès la fin des années 1920, Graham accorde notamment une place beaucoup plus importante que ses prédécesseurs à la question du poids du corps et de la relation aux lois de la gravité dans l’outillage expressif et technique du danseur. Le travail au sol devient ainsi un fondement de sa technique. -
Isadora Duncan - Prélude
21 décembre 2011, par abdel« Prélude » est l’un des tout premiers solos créés par l’Américaine Isadora Duncan (1877-1927) sur une partition musicale non destinée à la danse. Cette appropriation par une danseuse d’une oeuvre dite de musique absolue, en l’occurrence le « Prélude n°7 en do mineur, op. 28 », de Frédéric Chopin, constitue un geste audacieux, voire sacrilège, dans le contexte culturel du tournant du siècle. Aux yeux d’une partie du public de l’époque, la grande musique était en effet cet art qui, dégagé (...)
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Danse serpentine (La)
23 septembre 2011, par abdelJusqu’en 1891, l’américaine Mary Louise Fuller, dite Loïe Fuller (1862-1928), poursuit une carrière plus ou moins couronnée de succès dans le circuit populaire du vaudeville. Elle joue la comédie et chante, mais elle ne dansera qu’à partir de 1890 ; année qui la voit s’initier à la skirt dance (danse de jupe), à Londres, berceau du genre. De retour aux Etats-Unis, c’est encore comme actrice qu’elle trouve à exercer ses talents. Elle est engagée dans « Quack Medical Doctor » (« Le Docteur Quack »), un divertissement théâtral dans lequel elle doit jouer une scène d’hypnose. Loïe Fuller a l’idée de mettre à profit sa toute récente expérience de skirt dancer : elle va s’efforcer de créer des effets fantasmagoriques à partir des mouvements de son costume.
Vêtue d’une robe arrangée par ses soins à partir d’une grande jupe hindoue en voile de soie, elle s’élance sur la scène que baigne une lumière verdâtre et tamisée. « J’essayais de me faire assez légère pour donner l’impression d’un esprit voltigeant obéissant aux ordres du docteur, raconte l’artiste dans son autobiographie, parue en 1908. Mais ma robe était si longue que je marchais constamment dessus et machinalement, je la retenais des deux mains et levais les bras en l’air, tandis que je continuais à voltiger tout autour de la scène comme un esprit ailé. Un cri soudain jaillit : "un papillon ! Un papillon !". Je me mis à tourner sur moi-même en courant d’un bout à l’autre de la scène, et il y eut un second cri : "une orchidée !". A ma profonde stupéfaction, des applaudissements nourris éclatèrent. » -
Self(ish) portrait
23 septembre 2011, par abdelEn 1995, lorsque João Fiadeiro (né en 1965) conçoit « Self(ish)- Portrait », il chorégraphie déjà depuis cinq ans à la tête de sa compagnie RE-AL(1). Quelques pièces de groupe ponctuent déjà le parcours de cet ex-danseur de la compagnie de Rui Horta et du Ballet Gulbenkian, notamment « Retrato da memoria enquanto peso morto » (Portrait de la mémoire en tant que poids mort), créée en 1990. Le chorégraphe portugais y explore la thématique de la peur et des limites corporelles et psychiques, à travers une danse très physique, marquée par l’influence de la « contact-improvisation »(2) et des méthodes de composition du danseur belge Wim Vandekeybus (né en 1963(3)). La démarche de João Fiadeiro est cependant encore tout à fait intuitive.
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Skirt dance
23 septembre 2011, par abdelNuméro en solo dansé par une femme, la skirt dance (danse de jupe) fait son apparition dans les théâtres de music-hall britannique autour de 1875. C’est le chorégraphe anglais John d’Auban qui conçoit le principe de ce genre de solo, mais c’est à la ballerine Kate Vaughan que revient l’idée d’abandonner le tutu, trop rigide, pour le remplacer par une longue jupe flottante, dont le mouvement fait partie intégrante de cette danse. Le terme même de skirt dance quant à lui est inventé par les critiques dans le sillage des premières représentations, au Gaiety Theatre de Londres, de la danseuse anglaise ainsi costumée. Beaucoup d’effet
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Cercle dans tous ses états (Le)
22 septembre 2011, par abdelA l’occasion de la première édition des Hivernales d’Avignon en 1979 et en réponse à une commande
d’Amélie Grand, alors directrice artistique du festival, Dominique Dupuy crée « Le Cercle dans tous ses
états ».
Cette création enchaîne les variations autour du cercle, découpées en six solos successifs lors desquels
différents objets sont vidés de leur fonction d’usage pour permettre au chorégraphe-interprète d’aborder ce
qui relève du cercle ou de la sphère : ainsi un panier-couffin, un escalier circulaire à trois niveaux, un
parachute, un gibus, une amphore, un tonneau etc... Le cercle est présent tant au niveau de la danse que
du décor, réalisé par Marcel Robelin, tandis que l’environnement sonore de Denis Dufour enveloppe le
spectateur. « A la fois le fond et la forme, le cercle est partout présent - tant au niveau de la danse que
dans le décor. Le danseur instaure avec lui - et c’est la base de l’argument - tout un tissu de relations qui
s’échelonnent de l’approche extérieure à la fusion concrète. En six tableaux, Dupuy propose aux
spectateurs de découvrir un univers différent dans lequel les choses sont dépouillées de leur sens habituel
[...]. Il prend "à corps" son matériel (cercles en bois, escaliers, couffin, vêtement, sol) et entame avec lui un
échange d’une qualité rare. »(1)
Dans les différents tableaux du spectacle, Dominique Dupuy endosse les rôles qui lui sont suggérés par
ses partenaires-objets successifs, intégrant ainsi leur influence dans une dynamique d’échange : «
Epousant la rondeur du couffin, faisant oublier les contraintes du bois en le rendant vivant, transformant
une jupe en instrument de musique qui claque comme un fouet aux clochettes multiples, [Dominique
Dupuy] permet l’alliance entre matières nobles et lui-même, sans qu’aucun ne soit réduit à l’état d’ "objet".
Le dernier tableau rejoint le premier, finissant ainsi le cercle que dessinait le spectacle. »(2)
Cette série de solos sera également présentée la même année, en 1979, au Théâtre de Lenche, à
Marseille.