Giselle, d’une version à l’autre

Selon Isabelle Launay, avec 681 représentations entre 1841 et 1999, Giselle est l’un des ballets qui a été le plus dansé à l’Opéra. Sa présence au répertoire est quasi continue à partir de 1932, mais à travers différentes versions.

Un an après sa création, une nouvelle Giselle est en effet produite à Saint-Pétersbourg par le maître de ballet Antoine Titus, puis par Perrot lui-même, qui en propose trois nouvelles versions. De son côté, Coralli conçoit une Giselle en France en 1863, aidé par le maître de ballet Louis Mérante. Enfin, Marius Petipa propose à son tour diverses versions du ballet en Russie.

En 1868, Giselle est reprise par les Ballets russes. Puis, en 1924, le Ballet de l’Opéra reprend la pièce dans la version de Nicolas Sergueïev à partir de relevés de celle de Petipa, une version revue trois fois par Serge Lifar. Enfin, en 1972, la danseuse cubaine Alicia Alonso conçoit la dernière version qui fait date ; celle-ci servira de référence à l’Opéra jusqu’à celle de Patrice Bart et Eugène Polyakov au début des années 1990.

Valsav Nijinski dans Giselle de Coralli et Perrot, Ballets russes. Photo August Bert, 1910. New York Public Library.

La partition musicale d’Adolphe Adam a connu plusieurs variations, tout comme le livret du ballet a connu diverses éditions et variantes narratives. La mort de Giselle constitue une de ces variantes, comme l’explique la danseuse étoile Françoise Legrée [1] lors du stage « Parole d’interprète, écriture de la danse » filmé au CND en 2005. La lecture du texte « Giselle », extrait des Beautés de l’Opéra ou chefs-d’œuvre lyriques, est l’opportunité pour elle de signaler que Giselle meurt tantôt d’une blessure, tantôt d’un problème cardiaque.

Extrait du stage "Parole d’interprète, écriture de la danse" animé par Fabienne Ozanne-Paré et Françoise Legrée, CND, 2005.

Des variantes chorégraphiques existent également, et faire apprendre plusieurs versions du ballet est alors une possibilité. Dans la « Grande leçon de danse » qu’elle donne au CND en 2014, l’ancienne étoile Ghislaine Thesmar [2] propose à ses danseuses de s’essayer à deux variations : la diagonale ou le manège. L’option de la diagonale nous est montrée dans cet extrait.

Extrait de la "Grande leçon de danse" de Ghislaine Thesmar, CND, 2014.



[1Françoise Legrée (1957-...) est danseuse étoile de l’Opéra de Paris. Elle a interprété les grands rôles du répertoire classique et a travaillé avec George Balanchine, Jerome Robbins, Serge Lifar, Attilio Labis, Maurice Béjart... Titulaire du certificat d’aptitude aux fonctions de professeur de danse classique, elle enseigne aux conservatoires de Bastia puis de Montreuil lors de stages nationaux et internationaux et est invitée dans des compagnies comme pédagogue et répétitrice.

[2Ghislaine Thesmar (1943-…) danse dans de nombreux pays avant de rejoindre la France pour entrer au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Elle intègre plusieurs compagnies avant d’être révélée au grand public en 1971, grâce à son interprétation de La Sylphide. Elle devient danseuse étoile à l’Opéra national de Paris en 1972. De 1985 à 1988, elle dirige les Ballets de Monte-Carlo avec Pierre Lacotte, avant de se tourner vers l’enseignement à l’Opéra de Paris.