Corps et corporéite

Si rien ne nous semble plus familier que notre corps, si « le corps » s’impose a priori avec l’évidence d’une catégorie universelle, stable et univoque, force est de constater qu’il échappe pourtant dès qu’on essaie de le saisir et d’en dire quelque chose. De fait, de multiples discours se sont emparés de cette « réalité » et ont revendiqué ou revendiquent le droit d’en dire la « vérité ». Ainsi, au-delà de cette apparente transparence du corps, divers discours se sont infiltrés dans le quotidien, pénétrant jusqu’à la manière dont chacun pense et vit son corps, et faisant de ce qu’il croit être sa « chose propre », sa « citadelle inexpugnable » - pour reprendre les mots de Michel Bernard - une simple construction. En analysant l’évolution de la pensée théorique sur le corps, on peut voir en quoi la manière dont la danse - notamment depuis la modernité - a tenté d’appréhender le corps, a pu être novatrice et constituer un autre regard, une autre dynamique dont le terme de « corporéité » rend compte de manière plus adéquate.