Danse serpentine (La)

Jusqu’en 1891, l’américaine Mary Louise Fuller, dite Loïe Fuller (1862-1928), poursuit une carrière plus ou moins couronnée de succès dans le circuit populaire du vaudeville. Elle joue la comédie et chante, mais elle ne dansera qu’à partir de 1890 ; année qui la voit s’initier à la skirt dance (danse de jupe), à Londres, berceau du genre. De retour aux Etats-Unis, c’est encore comme actrice qu’elle trouve à exercer ses talents. Elle est engagée dans « Quack Medical Doctor » (« Le Docteur Quack »), un divertissement théâtral dans lequel elle doit jouer une scène d’hypnose. Loïe Fuller a l’idée de mettre à profit sa toute récente expérience de skirt dancer : elle va s’efforcer de créer des effets fantasmagoriques à partir des mouvements de son costume.
Vêtue d’une robe arrangée par ses soins à partir d’une grande jupe hindoue en voile de soie, elle s’élance sur la scène que baigne une lumière verdâtre et tamisée. « J’essayais de me faire assez légère pour donner l’impression d’un esprit voltigeant obéissant aux ordres du docteur, raconte l’artiste dans son autobiographie, parue en 1908. Mais ma robe était si longue que je marchais constamment dessus et machinalement, je la retenais des deux mains et levais les bras en l’air, tandis que je continuais à voltiger tout autour de la scène comme un esprit ailé. Un cri soudain jaillit : "un papillon ! Un papillon !". Je me mis à tourner sur moi-même en courant d’un bout à l’autre de la scène, et il y eut un second cri : "une orchidée !". A ma profonde stupéfaction, des applaudissements nourris éclatèrent. »