Death of Adonis

C’est dans la paisible retraite estivale de Mariarden, un village du New Hampshire abritant une colonie d’artistes de théâtre expérimental autour d’un centre d’art, que le chorégraphe américain Ted Shawn (1891-1972) trouve le temps, entre deux tournées de la Denishawn company et sans cesser ses activités pédagogiques(1), de régler pour lui-même le solo « Death of Adonis ». Nu, à l’exception d’une feuille de vigne judicieusement placée, le danseur se tient, au début de son solo, immobile sur un piédestal. Il est maquillé de blanc des pieds à la tête, son corps revêtant ainsi l’aspect d’une statue de marbre. Peu à peu, la statue s’anime : le danseur commence à respirer de manière visible, puis enchaîne au ralenti trente-deux poses. Inspirées de l’art antique (extrêmement en vogue au tournant des XIXe et XXe siècles), ces poses relatent des épisodes du mythe d’Adonis, dieu grec célèbre pour sa beauté et incarnant le principe mâle de la reproduction. Le solo « Death of Adonis » illustre une scène de chasse. Il se termine par une évocation de la mort du dieu, tué par un sanglier(2). La gravité des mouvements de Ted Shawn est soutenue par les accents de l’ « Adagio pathétique » de Benjamin Godard.