Interagir avec le public : la technique Robyn Orlin

L’une des spécificités du travail de la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin est la manière dont elle pense la relation au public et le soin avec lequel elle tente d’instaurer un dialogue avec lui. « Je souhaite que le public soit actif et réactif dans mes pièces, qu’il en soit aussi l’acteur. Qu’il participe au spectacle est le seul moyen pour lui d’agir sur celui-ci. » Il s’agit alors de penser le spectacle comme un échange, une conversation de sorte que le spectateur soit en mesure de prendre la parole, d’une façon discursive ou gestuelle, en somme qu’il prenne position de quelque façon que ce soit. « Pour moi, il est important de brouiller les frontières, les interprètes doivent savoir ce que c’est d’être dans le public et les spectateurs ce que c’est d’être sur scène. » « J’ai besoin de faire se rencontrer performers et spectateurs. C’est tenter de comprendre ce que peut signifier la mise en présence des uns et des autres, peut-être parce que je viens d’un pays où Blancs et Noirs ne se mélangeaient pas. » Aussi, bien au-delà de la question du rapport scène/salle ou public/artiste dans un contexte dédié à la représentation s’inscrit en filigrane celle, politique, du rapport des gens entre eux et de leur rapport au monde. Si cette problématique émerge depuis une situation politique précise, celle de l’Afrique du Sud post-apartheid, elle n’est pas sans faire écho dans chaque lieu où la chorégraphe et son équipe se produisent, tant en est large la portée et les effets et tant elle relève d’une certaine universalité. Par ailleurs, le seul fait de danser, de monter des projets chorégraphiques contemporains en Afrique du Sud - une entreprise peu soutenue -, constitue en soi un véritable acte politique, de résistance...Lire la suite (PDF)