Une œuvre séminale

Le travail chorégraphique de Lucinda Childs connaît une inflexion à partir de 1977 lorsqu’elle abandonne les espaces alternatifs pour investir les théâtres.
En 1979, elle crée Dance en collaboration avec le compositeur Philip Glass et l’artiste visuel Sol LeWitt. La volonté de la chorégraphe est de dessiner une danse libérée de toute forme d’intentionnalité ou de théâtralité.
Cette œuvre séminale initie une série de collaborations entre sa compagnie, des artistes visuels (Robert Mapplethorpe, Frank Gehry, Tadashi Kawamata, notamment) et des compositeurs (John Adams, György Ligeti, Henryk Gorecki, notamment) qui se poursuivent jusqu’en 2002.

Une partie de la chorégraphie de Dance se déroule derrière un écran transparent où sont projetées des images des danseurs filmées par Sol LeWitt : ces images sont fragmentées et prises de différents points de vue. Les danseurs évoluent donc sur scène accompagnant leurs doubles filmiques avec une chorégraphie de mouvements aux infimes variations : des pas simples dessinent au sol cercles, arcs, diagonales, formant un vaste contrepoint redoublé par le défilement des images. Ils traversent la scène en quatuors, duos et solos sur les structures mélodiques répétitives de la musique jouée par le Glass Electronic Orchestra.
Pour la première fois, Lucinda Childs compose sa danse sur une musique et les structures musicale et chorégraphique se révèlent intimement liées. Ce sera le cas pour toutes les créations qui suivront, que la musique soit originale ou pas.
Structurée en cinq parties, Dance comporte à la création deux solos dansés par Lucinda Childs (parties 2 et 4). Un seul sera conservé (le solo n°4 qui deviendra Dance 2) dans la version de la pièce qui s’imposera finalement, et qui connaîtra une diffusion mondiale et plusieurs reprises.

Les partitions de la pièce présentent une grande hétérogénéité de formes selon les parties. Bien que l’on retrouve des canevas identiques pour les parties 1 et 3 (succession des déplacements présentés en 2 colonnes) puis pour les parties 2 et 4 dansées en solo (même format de papier à petits carreaux et superposition des déplacements d’une même section), les dessins géométriques varient quant à eux beaucoup les uns des autres.

« Dance après Dance » par Corinne Rondeau

Intervention de Corinne Rondeau au colloque CND consacré à Lucinda Childs, 19 novembre 2016


Extrait du livre de Corinne Rondeau à propos de Dance