La géographie de programmation

Dès sa seconde année d’existence, le TCD renonce à l’exclusivité de son partenariat avec le Théâtre de Paris. [1] Sa programmation devient nomade, et visitera au total vingt-huit lieux différents de la capitale. Certains deviendront très réguliers, revenant quasiment chaque saison : le Centre Pompidou, le Théâtre de la Bastille, le Théâtre de la Ville, le Théâtre de la Cité internationale, entre 1994 et 1998, mais aussi l’Opéra Garnier. D’autres apparaissent régulièrement dans la durée, mais toutefois moins fréquemment : l’Opéra-Comique, le Centre Wallonie-Bruxelles, le Théâtre national de Chaillot, le Café de la danse, la Maison des arts de Créteil (MAC), etc.
La Grande Halle de La Villette est un autre lieu prisé, particulièrement pour une capacité d’installation d’équipements scéniques ponctuels, et pas uniquement pour le hip hop : on y montrera aussi Kilina Crémona, sur un plateau de 400 m², et les grandes pièces à succès de Régine Chopinot y seront présentées à plusieurs reprises.
L’utilisation de certains lieux est en revanche très circonstancielle. Cela peut relever de l’exception événementielle (soirée « La jeune danse est au Zénith », le 30 septembre 1987), de partenariats ponctuels (programmations en plein air au Palais-Royal en juillet 1997, dans le cadre du festival Paris Quartier d’été [2]). Cela ressortit aussi à une politique apparemment fine de recherche de lieux adaptés à des propositions singulières : l’Hôpital éphémère (squat établi de 1990 à 1995 dans l’Hôpital Bretonneau, dans le 18e arrondissement) s’ouvre à Christian Bourigault pour une petite forme ; le Palais de Tokyo invite Stéphanie Aubin pour Essai (1990-91) ; les jardins du Centre culturel suédois dans le Marais sont l’écrin de la Mana danse de Nada de Patrick Bossati et Bertrand Lombard ; le Musée Grévin accueille Philippe Decouflé en 1989-90 ; l’Institut du Monde arabe est prédestiné pour Ya Salam, programmation à thématique orientale (1992), etc.
L’abonnement Île-de-France donne une extension à la géographie du TCD déjà rattaché au TGP Saint-Denis, à la MAC (Créteil) et à la MC 93 de Bobigny, et concerne un ensemble diversifié de théâtres de ville ou de scènes nationales, dont certains s’inscrivent durablement, ou pour une séquence de leur histoire, parmi les lieux qui comptent pour la danse, tels les théâtres Paul Eluard à Bezons, Jean Vilar à Vitry-sur-Seine, Jean-Vilar encore à Suresnes, Berthelot à Montreuil, la Ferme du Buisson à Marne-la-Vallée, l’Agora d’Evry, les Gémeaux de Sceaux, les Laboratoires d’Aubervilliers, la Maison de la musique de Nanterre, etc.

G.M.

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À lire
La programmation par lieu



[1Les graves difficultés que le théâtre traverse alors de son côté faciliteront opportunément la sortie du cadre pourtant officialisé par la parole ministérielle un an plus tôt.

[2Le programme « Jeunes danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris » et l’« Hommage de la danse contemporaine à Mozart », tous deux présentés au CNSMDP en juillet 1991, faisaient déjà l’objet d’une programmation dans le cadre de « Paris Quartier d’été », mais cette fois en coréalisation avec le TCD.