Le bleu est à la mode cette année

Dans « N°11 : Le bleu est à la mode cette année », titre choisi en référence à un chapitre de Roland
Barthes dans « Système de la mode », Laure Bonicel entreprend de décrypter et perturber les effets,
sournoisement omniprésents, des images publicitaires de mode sur la représentation de soi. Mannequins
irréels, silhouettes filiformes, visages radieux et sans âge. Ces stéréotypes, qui nous manipulent à notre
insu, sont passés au crible. Personne n’échappe à la mode, dit Laure Bonicel. Derrière le formatage des
corps, c’est cependant celui, « non moins collectif, des pensées et des identités » qui inquiète la
chorégraphe. L’uniformisation des différences, « cette obsession, si présente actuellement, de vouloir créer
des êtres identiques et de plus en plus performants », est une préoccupation récurrente de Bonicel
depuis ses débuts de chorégraphe, en 1993, à la tête de l’association Moleskine. « L’uniformisation ne
tend-elle pas vers une certaine forme de fascisme ? », s’interroge l’ex-danseuse d’Anne Teresa de
Keersmaeker, Odile Duboc et Mark Tompkins, dans un entretien avec Geneviève Vincent en 2001, au
moment de la création de « Millefeuilles ».