Répéter

Dans ce bain commun, se débrouiller est une règle. Le temps de répétition est compté et les chorégraphes ou les maîtres de ballet donnent peu d’indications. Parmi les innombrables exemples à disposition, on évoquera celui d’Yvette Chauviré à propos de son interprétation dans Les Deux Pigeons, qui connut un grand succès. Aveline, maître de ballet chargé de lui faire travailler sa variation, lui « expliqua hâtivement […] le caractère du rôle. Il fallait tout de suite saisir en vol. J’ai appris de mon mieux », conclut-elle [1].

Le rythme du travail s’est en effet considérablement accéléré à partir des années 1970-1980. Le temps de répétition est très bref, à savoir parfois seulement quatre à cinq services de deux ou trois heures pour la reprise de « chefs-d’œuvre ».

Ce temps d’apprentissage parfois bien trop court ne permet de s’approprier ni le rôle, ni le style du ballet. Françoise Legrée s’attarde sur ce problème et explique que, par manque de temps, on se concentre uniquement sur la technique. On en oublie alors la question de l’interprétation, la pudeur et l’innocence par exemple, qui, selon elle, font partie du rôle de Giselle.

Extrait de l’entretien de Françoise Legrée conduit par Florence Poudru, CND, 2005.

Wilfride Piollet, quant à elle, témoigne du fait que le travail sur l’interprétation d’un personnage a lieu surtout en dehors des heures de répétitions, qui sont dédiées à la technique, et ce afin qu’il ne retarde pas le travail des musiciens.

Extrait de l’entretien de Wilfride Piollet conduit par Florence Poudru, CND, 2003.



[1Dans le documentaire de Dominique Delouche, Une étoile pour l’exemple, DVD, Doriane Films, 1987.