a. Le travail sur le film : La Mort de Valeska Gert

Différents médiums sont convoqués dans la réactivation de gestes passés lorsqu’il y a rupture dans la transmission. Pour beaucoup de danseurs, le film constitue un des accès privilégiés aux œuvres. L’histoire de la danse s’enrichit alors de celle du cinéma qui tient une place essentielle dans ce travail de la citation. Mais les artistes d’aujourd’hui s’appuient aussi sur des photographies, des partitions, sur la littérature, des récits autobiographiques d’autres danseurs pour réincorporer leurs gestes. La faculté d’imitation des interprètes se révèle extrêmement féconde. Loin d’une aliénation au modèle, d’une copie appauvrie, c’est une critique de l’intérieur, un déplacement radical de la proposition qui s’opère.

Dans son solo La Mort, Valeska Gert exploite un geste que l’on peut dire universel : l’acte de mourir, qui consiste simplement en une dernière expiration et un dernier sursaut. Cette danse, bien qu’extrêmement simple, intensifie ce geste de telle sorte que chacun peut s’en ressaisir et mourir à sa façon. Par l’intermédiaire du film de Suse Byk (montrant Valeska Gert dans cette pièce) qui est parvenu jusqu’à nous, elle est devenue un classique des danses d’expression d’aujourd’hui, chacun retraversant son rapport à ce geste. Il y a un « mourir » différent chez des danseurs comme Mark Tompkins, I-Fang Lin ou Mathilde Monnier. Une vitalité extraordinaire se cache derrière ce geste du mourir, qui passe par des corps issus de cultures corporelles et d’origines très différentes.

Photogramme issu de la captation au CND.

Icons. Hommage à Valeska Gert de Mark Tompkins, 2018.
Photogramme issu de la captation au CND.

Photogramme issu de la captation au CND.

I-Fang Lin dans La Mort de Valeska Gert, Scènes du geste, 2015. Photogramme issu de la captation au CND.

  • Mathilde Monnier dans La Mort de Valeska Gert, Scènes du geste, 2015.