Nombreux sont les témoignages de ces moments où quelque chose passe et se passe dans le travail sur une variation, où l’ancien aide le nouvel interprète à s’autoriser à explorer un geste, hors du cadre de la tradition. Des relations propres à chaque moment, à la nature du rôle, des pas, de la musique, ou encore à la personnalité des solistes s’inventent dans le travail. Selon Isabelle Launay, la transmission d’un geste technique est alors d’abord une façon d’opérer des liens, et des liens de confiance.

Ces moments où les liens se tissent, où la transmission entre danseuse confirmée et jeune danseuse s’opère, sont marquants. Ghislaine Thesmar et Wilfride Piollet se souviennent toutes deux des danseuses qui les ont guidées à affiner leur interprétation de Giselle, et Françoise Legrée se rappelle l’accompagnement de sa directrice, Rosella Hightower, dans l’interprétation de sa scène de la folie.

Transmettre en proposant, en laissant la danseuse s’exprimer, guider sans imposer ; telle est la philosophie que la danseuse étoile Monique Loudières [1] met en pratique dans ses cours, comme elle l’explique dans sa « Grande leçon de danse » donnée au CND en 2012. Pédagogue et nourrie des enseignements reçus, elle a la volonté d’aider ses élèves à trouver la voie qui leur est propre, et ce en les ouvrant à d’autres disciplines, en travaillant à une danse classique vivante, mieux comprise et dans l’air du temps.