Sous le signe de deux fables artistiques

Fruits de quinze années de travail en discontinu, ces deux livres sont placés sous la veille de deux fables théoriques, esthétiques et artistiques qui m’ont servi de lignes de conduite. Elles ouvrent sur une forme d’engagement de ma part, la proposition d’une attitude vis-à-vis des répertoires et de la citation. Le premier volume s’ouvre sur une analyse d’un passage de La Rage de Pasolini (1963) : cette séquence, où la ballerine soviétique Galina Oulanova dansait La Mort du cygne de Michel Fokine (1905), me semble à la fois piéger et sauver le ballet, en appelant finalement à une révolution du regard et des pratiques sur la tradition classique afin qu’elle puisse continuer à vivre. Ce deuxième volume s’ouvre, quant à lui, sur une pièce de la danseuse et chorégraphe portugaise Vera Mantero, Les Serrenhos du Caldeirão (2012), qui appelle à un usage non prédateur du passé et de la citation. Loin de thésauriser, de capitaliser sur le passé, il s’agit d’entretenir un dialogue équitable entre les œuvres du passé et celles du présent. Alors que les projets de reenactment mais aussi de reconstructions des pièces du passé vont croissant, que la danse entre dans les musées, le risque est de faire des œuvres du passé une marchandise sur le grand marché muséal d’aujourd’hui. Un essai critique se devait de prendre position sur ces questions et la pièce de Vera Mantero me paraît proposer une alternative à cette capitalisation et thésaurisation du passé.