Un exemple, La Mort de Valeska Gert

Le film que réalise Suse Byk sur La Mort de Valeska Gert (en 1925) est l’exemple même d’un matériel très « pauvre » : c’est un simple extrait mais il explose en quelque sorte à la figure de ceux qui le regardent, et pour diverses raisons. L’une d’entre elles est sans doute que Gert exploite là un geste qu’on peut dire universel : l’acte de mourir, le mouvement du mourir qui consiste simplement en une dernière expiration et un dernier mouvement de rémission, le dernier sursaut. Cette danse, bien qu’extrêmement simple, intensifie ce geste de telle sorte que chacun peut s’en ressaisir et mourir à sa façon. Par l’intermédiaire du film, elle est devenue un classique des danses d’expression d’aujourd’hui, chacun retraversant son rapport à ce geste à partir de la dynamique et de la composition gertiennes. Il y a un « mourir » différent chez des danseurs comme Mark Tompkins, Julia Cima, Latifa Laâbissi, I-Fang Lin ou Mathilde Monnier. Une vitalité extraordinaire se cache derrière ce geste du mourir, qui passe par des corps issus de cultures corporelles et d’origines très différentes.