Cultures de l’oubli et citation : les danses d’après, II

Bonus : entretien avec Isabelle Launay

Une diversité de médiums

Différents médiums sont convoqués dans cette réactivation de matériaux passés. Beaucoup de danseurs copient des danses à partir de films : l’histoire de la danse s’enrichit alors de celle du cinéma qui tient une place essentielle dans ce travail de la citation. Mais ils s’appuient aussi sur des photographies, des partitions, sur la littérature, des récits autobiographiques d’autres danseurs, pour réincorporer leurs gestes. En ce sens, l’histoire de la danse, telle qu’elle se trame au sein des oeuvres, est « impure », et elle ne passe pas uniquement par la transmission d’un mouvement de corps à corps.
Dans ce vaste champ « interchorégraphique », la faculté d’imitation des danseurs se révèle extrêmement féconde. Les danseurs sont capables d’imiter très précisément des photographies, des films, mais aussi d’incorporer des descriptions, de manière extrêmement rigoureuse. Loin d’une aliénation au modèle, d’une copie appauvrie, c’est une critique de l’intérieur qui est menée, un déplacement radical de la proposition, alors même que la copie se fait avec une grande exactitude. Bien que l’on ait beaucoup critiqué l’imitation comme un phénomène aliénant (il ne faut pas imiter le modèle du maître, etc.), cette dernière a en réalité des pouvoirs insoupçonnés.