L’accès aux studios et l’offre de services aux compagnies
La difficulté d’accès des compagnies de danse à des studios de répétition (particulièrement rares et chers dans la capitale) est un problème récurrent auquel entend d’emblée répondre l’annonce de la création du Théâtre contemporain de la danse, via une convention passée avec la Ménagerie de Verre [1], directement mentionnée au stade de la conférence de presse ministérielle d’avril 1984.
Il est même précisé que chaque semaine, 12 heures seront consacrées à l’enseignement à raison de deux heures par jour, et 78 heures affectées à des compagnies pour leurs répétitions. A la fin des deux premières saisons, 42 compagnies [2] ont bénéficié de ce dispositif, qui leur revient à 21 francs l’heure (5,39 € en données corrigées de 2015) , versés directement à la Ménagerie, tandis que le TCD rajoute 146 francs (37,44 €) [3].
En 1987, l’installation dans l’enceinte de la Cité internationale des arts, rue Geoffroy L’Asnier, et plus tard dans des locaux situés juste en face, de l’autre côté de la rue [4] apporte deux studios supplémentaires (200 m² et 100 m², le plus grand pouvant accueillir du public) avec la souplesse d’un accès et d’une gestion directe des attributions (au point que la capacité d’attribution est en fait multipliée par trois) [5]. Ces nouveaux espaces permettront aussi la création d’un Centre de documentation à caractère professionnel, et plus tard du Centre d’information et d’orientation du danseur. Il y a là comme une maquette miniature de services qui connaîtront un large développement dans le cadre ultérieur du Centre national de la danse.
Ces opportunités paraissent exploitées intensivement, à en croire – dans La Lettre de la danse n°9, juin 1989 – la mention selon laquelle « le Centre de documentation du TCD compte 77 adhérents (compagnies, festivals, programmateurs, organismes para-publics) » . L’adhésion au Centre de documentation donnait notamment, parmi divers services, droit à 100 heures gratuites de studio dans les horaires de nuit (22h à 10h !), et à un tarif bonifié (30 francs, 7,69 €) de l’heure pour le grand studio en horaires de jour (10h à 22h).
En ce qui concerne les ressources mises à disposition des adhérents, le fichier professionnel qui leur est rendu accessible comprend à cette époque quelques 3000 noms, et le fichier « public », proposé sous conditions, 11 000 noms.
Dans son entretien avec Dominique Frétard en 1988 [6], Christian Tamet assure que son équipe se montre très attentive « à l’encadrement administratif des très jeunes compagnies, la plupart du temps complètement désorganisées : dossiers de presse, relance systématique des programmateurs et des personnalités utiles à la compagnie, prise en charge des mailings ».
G.M.
[1] La Ménagerie de Verre ouvre en 1983 dans le 11e arrondissement de Paris. Quoique de régime purement privé, ce lieu ne se contente pas de proposer des cours et louer des studios (au nombre de cinq, en 2015) mais s’implique directement au côté de la création chorégraphique contemporaine en proposant régulièrement une programmation pointue.
[2] Ces compagnies sont celles de : Alain Alexandre, Elinor Ambash, Georges Appaix, Stéphanie Aubin, Dominique Bagouet, Jean-Christophe Bleton, Dominique Boivin, Joëlle Bouvier, Claude Brumachon, Christine Burgos, Jacquette de Bussac, Régine Chopinot, Kilina Crémona, Philippe Decouflé, Charlotte Delaporte, Didier Deschamps, Catherine Diverrès, Pierre Doussaint, Pierre Droulers, Odile Duboc, Isabelle Dubouloz, Fabrice Dugied, Brigitte Farges, Diana Garcia Collins, Marie-Christine Gheorgiu, Grand Magasin, Pascale Henrot, Dominique Hervieu, Jeune Ballet de France, Koffi Kôkô, Daniel Larrieu, Nicole Lefevre, Lolita , Jean-Marc Matos, José Montalvo, Jean Pomarès, Angelin Preljocaj, Denis Psaltopoulos, François Raffinot, Alain de Raucourt, Sidonie Rochon, Patrick Roger, Quentin Rouillier, Santiago Sempere, Terrain vague, Xavier Timmel, Mark Tompkins, ChristianTrouillas, Laurent Van Kote, François Verret, Karin Waehner, Hideyuki Yano. Source : « TCD mode d’emploi » in La Lettre de la danse n°4, juin 1986.
[3] Pareille disposition a pu être considéré comme une forme de subventionnement indirect de ce lieu, de la part du Ministère ; raisonnement valant aussi en ce qui concerne le Théâtre de Paris, en proie à des difficultés quand le TCD est invité à y présenter sa saison.
[4] Selon la disposition bénéficiant aujourd’hui encore (2015) à Micadanses, structure subventionnée par la Mairie de Paris.
[5] Source : entretien de C. Tamet avec D. Frétard, La Lettre de la danse n°8, 1988.
[6] La Lettre de la danse n°8.