Hubert Godard, l’un des pionniers de l’analyse du mouvement en France dans les années 1980, a montré dans ses travaux comment l’expressivité du danseur est déterminée par son fond tonique. Ce fond tonique, lié à la musculature profonde du corps ou muscles tonico-gravitaires, est en effet déterminé par l’histoire symbolique du sujet (qui conditionne l’histoire de sa coordination), et par son état émotionnel. Parlant de « fonction tonico-expressive et tonico-affective », Hubert Godard met l’accent sur la manière dont cette fonction tonique, avec ses modulations, a des effets directs sur la qualité du geste produit. En effet, dès que nous voulons faire un mouvement, ces muscles gravitaires entrent en action pour anticiper le déséquilibre qui va être produit : c’est ce subtil pré-mouvement, ancré dans la fonction tonique du sujet, qui va donner sa couleur au geste.
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Cazemajou, Anne
Articles
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Pratiques somatiques
11 octobre 2011, par abdel -
Méthode Feldenkrais
11 octobre 2011, par abdelMoshe Feldenkrais (1904-1984), né en Russie, passe son enfance et son adolescence en Israël. C’est dans les années 1920 qu’il arrive à Paris pour y faire ses études. Il devient docteur en sciences physiques et assistant de Frédéric Joliot-Curie puis de Paul Langevin. Son intérêt le porte également vers les disciplines corporelles. Il est l’un des premiers européens à être ceinture noire de judo et c’est lui qui introduit la discipline en France dans les années 1930, et en Angleterre dans les années 1940. Amateur de football, il se blesse gravement au genou lors d’un match. Après avoir essayé toutes sortes de soins, une opération est envisagée, mais les médecins sont peu optimistes quant à son succès.
Fort de ses connaissances de physicien et de judoka, Moshé Feldenkrais décide de se rééduquer lui-même. Il fait des recherches en anatomie, en neurophysiologie et en psychologie, et remet radicalement en question son attitude et sa manière de penser. A partir de l’observation systématique de ses habitudes de comportement, il cherche à comprendre le fonctionnement automatique du corps humain et comment une meilleure utilisation de son potentiel vital peut être envisagée. -
Analyse du mouvement
11 octobre 2011, par abdelPour comprendre les enjeux de l’analyse du mouvement aujourd’hui, il est nécessaire de resituer le contexte historique à partir duquel une certaine vision du corps et du mouvement (du corps en mouvement) a pu se développer. En effet, jusqu’à l’époque classique, c’est le modèle linguistique qui domine la gestuelle. Privilégiant le point de vue de la communication, le corps se donne à voir comme partition de signes physiques que le public reconnaît d’emblée comme faisant sens. La gestuelle - dans le domaine de la danse comme en peinture - suppose l’existence d’un code pour que l’expérience du message ait un sens.
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Corps et corporéite
11 octobre 2011, par abdelSi rien ne nous semble plus familier que notre corps, si « le corps » s’impose a priori avec l’évidence d’une catégorie universelle, stable et univoque, force est de constater qu’il échappe pourtant dès qu’on essaie de le saisir et d’en dire quelque chose. De fait, de multiples discours se sont emparés de cette « réalité » et ont revendiqué ou revendiquent le droit d’en dire la « vérité ». Ainsi, au-delà de cette apparente transparence du corps, divers discours se sont infiltrés dans le quotidien, pénétrant jusqu’à la manière dont chacun pense et vit son corps, et faisant de ce qu’il croit être sa « chose propre », sa « citadelle inexpugnable » - pour reprendre les mots de Michel Bernard - une simple construction. En analysant l’évolution de la pensée théorique sur le corps, on peut voir en quoi la manière dont la danse - notamment depuis la modernité - a tenté d’appréhender le corps, a pu être novatrice et constituer un autre regard, une autre dynamique dont le terme de « corporéité » rend compte de manière plus adéquate.
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Anthropologie de la danse
23 décembre 2011, par abdelTout en reconnaissant que l’étude de la danse requière des spécificités méthodologiques, Andrée Grau et
Georgiana Wierre-Gore, dans l’introduction générale de leur anthologie « Anthropologie de la Danse.
Genèse et construction d’une discipline », considèrent l’anthropologie de la danse comme « une branche
de l’anthropologie ». L’anthropologie est un « mode original de connaissance » qui s’intéresse autant
au « comment » faire connaître qu’à « ce qu’elle » fait connaître. Son objectif est de « réfléchir sur le
fonctionnement général du social et du culturel et de dégager des catégories analytiques universelles
capables d’expliquer à la fois la diversité des sociétés humaines et l’unité du genre humain »(3). Elle
s’attache, de manière plus générale, à « restituer la rationalité propre aux activités humaines » - ce qui est
possible puisque « toute action », comme le rappelle Georgiana Gore, « est déjà articulée en signes,
règles, normes ; elle consiste toujours déjà en une médiation symbolique » -
Technique Alexander
11 octobre 2011, par abdelFrederick Matthias Alexander (1869-1955) est né en Australie (à Wynyard, Tasmanie). Epris de poésie et du théâtre de Shakespeare depuis sa prime jeunesse, il s’intéresse à la diction et à l’art de la déclamation, étudie l’expression dramatique, puis entame une carrière de comédien. Peu à peu, cependant, des troubles commencent à apparaître au niveau de sa gorge et de ses cordes vocales : il s’enroue en déclamant et ses amis affirment l’entendre « haleter » et « avaler de l’air par la bouche ». C’est en vain qu’il consulte médecins et professeurs de diction. Le diagnostic médical confirme une irritation de la gorge et du nez ainsi qu’une inflammation des cordes vocales, apparemment trop relâchées. D’autre part, sa luette étant très longue et provoquant par moments des accès de toux, on lui propose une opération, qu’il refuse. Après quelques années de traitement inefficace, son état ne cesse d’empirer et l’enrouement atteint parfois une aphonie totale.