En étude des médias, la remédiation fait référence aux caractéristiques d’un médium qui apparaissent dans un autre ; souvent, paradoxalement, dans le but d’obtenir un effet d’immédiateté. Cela se produisait dans les chorégraphies du Judson Theater sur un mode littéral (comme l’utilisation faite par Lucinda Childs de voix enregistrées), mais aussi au niveau de l’inconscient des médias. Les chorégraphies de Childs ou d’autres au Judson Dance Theater peuvent nous aider à comprendre l’innovation esthétique au sein de l’économie de l’attention des années 60 ; une réponse avant-gardiste à la transformation opérée par les médias de masse sur la vie quotidienne.
Carrie Lambert-Beatty enseigne l’histoire de l’art à l’université de Harvard. Ses recherches portent sur l’art des années 1960 à nos jours avec un intérêt particulier pour la performance au sens large du terme.
Elle est éditrice de la revue October depuis 2001 et publie dans Artforum, Art Journal et Signs. Dans Beeing Watched : Yvonne Rainer and the 1960’s (MIT Press, 2008), elle aborde le travail de la chorégraphe postmoderne et du Judson Dance Theater au regard de l’essor des médias dans la culture américaine des années 1960. Beeing Watched a reçu le Torre
Prize de la recherche en danse. Elle prépare actuellement un ouvrage aux Presses universitaires de Chicago sur les conséquences esthétiques et éthiques de la déception.