Chorégraphie : Janine Charrat
Création : 1952
Enregistrement : 1952
Interprètes : Janine Charrat, Claire Sombert
Réalisateur : Jean Benoît-Lévy
Durée : 10 min.
Au sein de la génération des jeunes chorégraphes et danseurs néo-classiques de l’après-deuxième guerre mondiale à Paris, Janine Charrat occupe une place majeure. Formée par Jeanne Ronsay, qui enseigne les danses orientales à Paris dans les années 1930, puis à la danse classique par Olga Preobrajenska, Lioubov Egorova et Alexandre Volinine, elle se fait connaître enfant par les récitals de chorégraphie qu’elle donne. Âgée de douze ans, elle est révélée en 1937 par le film de Jean Benoît-Lévy La Mort du cygne, pour lequel elle joue aux côtés d’Yvette Chauviré et de Mia Slavenska et fait la connaissance de Serge Lifar. Pendant la deuxième guerre mondiale, elle forme avec Roland Petit un couple vedette, interprétant notamment les chorégraphies de Serge Lifar. En 1945, elle crée Jeu de cartes, son premier ballet, au sein du Ballet des Champs-Élysées tout juste formé par Roland Petit et Boris Kochno. Elle chorégraphie dès lors de nombreux ballets, pour sa compagnie (les Ballets Janine Charrat, créés en 1951) et pour d’autres compagnies à travers le monde : ’Adame miroir (1948), Le Massacre des amazones (1951), Les Algues (1953), Les Liens (1957)... Cependant, Janine Charrat peine à trouver en France les subventions nécessaires pour monter ses ballets, et doit faire la plupart de ses créations à l’étranger. D’un style très libre et souvent expérimentales, ses chorégraphies marquent Maurice Béjart et Roland Petit, avec lesquels elle collabore à de nombreuses reprises. Bien que grièvement brûlée sur un plateau de tournage pour la télévision en 1961, elle remonte sur scène l’année suivante et dirige l’Opéra de Genève de 1962 à 1964, puis devient en 1978 conseillère au Centre national d’art et de culture Georges Pompidou, où elle se rapproche de la jeune danse française.
En 2001, le documentaire Janine Charrat, l’instinct de la danse, réalisé par Luc Riolon et Rachel Seddoh, exhume de nombreuses images d’archive de ses ballets (qui ne sont plus aujourd’hui au répertoire d’aucune compagnie) et rappelle le rôle crucial qu’elle joua dans la danse des années 1950-1960.
Sans constituer l’une de ses pièces majeures, Le Jour et la Nuit, ballet symbolique sur l’éternel combat du jour et de la nuit, témoigne à la fois de sa collaboration avec Jean Benoît-Lévy, qui réalise en 1952 une vingtaine de petits documentaires sur la danse et filme plusieurs courts ballets de Janine Charrat, ainsi que d’un engouement caractéristique de cette époque pour les films de ballet à la télévision. Ce film étonne aussi par les pas de deux chorégraphiés pour Janine Charrat et Claire Sombert, l’une de ses interprètes-phare, à laquelle elle transmit notamment sa « barre néo-classique » dans les années 1960 (voir le DVD Ballets français : Lifar, Babilée, Charrat, Société Radio Canada, 2015).
Notice rédigée par Laetitia Basselier.