« Continuellement, viscéralement agités, nous ne tenons pas en place. Nous avons grandi à la va-comme-je-te-pousse, sans qu’on y prenne garde, avec excès, entre rudesse et oubli, jetés au hasard hors du cocon familial », constate Imed Jemâa à propos de sa jeunesse en Tunisie. La rue prend dès lors une importance capitale. Elle devient le lieu du rassemblement et de l’échange, mais aussi le lieu de la solitude et de la lutte. Aux yeux du chorégraphe, la rue est cet environnement, à la fois concret et symbolique, où se lisent les tensions, les fractures d’une société en proie au chaos, mais aussi ses élans les plus vigoureux, les plus porteurs d’espoir. « Comme si la rue résolvait tout, notre fougue et notre désespoir, notre détresse et ses dérives », ajoute le chorégraphe. « Vivant » est une mise en scène de l’énergie de la rue et de son désordre. Imed Jemâa s’est inspiré du comportement de la foule, mais il a aussi observé l’état des corps et des mouvements dans une métropole contemporaine déchirée par ses contradictions.