Le solo « Lamentation » est l’une des premières oeuvres véritablement originales de Martha Graham (1894-1991). Lorsqu’elle conçoit cette danse en 1930, la chorégraphe a déjà quitté la Denishawn School, berceau de sa formation, depuis sept ans(1). Elle a donné un premier récital indépendant en 1926, mais le style de ses danses est alors encore imprégné de l’exotisme caractéristique des productions de Ruth Saint Denis (1879-1968) et Ted Shawn (1891-1972), ses maîtres à la Denishawn. Deux ans plus tard, en 1928, Martha Graham a cependant éliminé les dernières traces de cette influence : son style personnel s’affirme dès lors avec force et cohérence.
L’enseignement aura largement contribué au processus d’émancipation de la danseuse. Dans le contexte difficile de la fin des années 1920 aux Etats-Unis - le crack boursier de 1929 achève de plonger le pays dans une crise économique et sociale sans précédent -, les danseurs gagnent péniblement leur vie. Martha Graham est contrainte d’enseigner pour compenser les faibles revenus de ses récitals. Engagée comme professeur de danse dans une école de musique, puis de théâtre, l’aspirante chorégraphe est confrontée à la nécessité de transmettre son art. Elle se lance alors dans un examen approfondi des principes et des moyens de la danse et en redéfinit radicalement les priorités. Dès la fin des années 1920, Graham accorde notamment une place beaucoup plus importante que ses prédécesseurs à la question du poids du corps et de la relation aux lois de la gravité dans l’outillage expressif et technique du danseur. Le travail au sol devient ainsi un fondement de sa technique.
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Suquet, Annie
Articles
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Lamentation
23 septembre 2011, par abdel -
Skirt dance
23 septembre 2011, par abdelNuméro en solo dansé par une femme, la skirt dance (danse de jupe) fait son apparition dans les théâtres de music-hall britannique autour de 1875. C’est le chorégraphe anglais John d’Auban qui conçoit le principe de ce genre de solo, mais c’est à la ballerine Kate Vaughan que revient l’idée d’abandonner le tutu, trop rigide, pour le remplacer par une longue jupe flottante, dont le mouvement fait partie intégrante de cette danse. Le terme même de skirt dance quant à lui est inventé par les critiques dans le sillage des premières représentations, au Gaiety Theatre de Londres, de la danseuse anglaise ainsi costumée. Beaucoup d’effet
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Morts pudiques (Les)
22 décembre 2011, par abdel« Les Morts pudiques », solo de Rachid Ouramdane, trouve son origine dans une recherche sur le net.
Curieux des représentations de la mort dans l’univers du web, le chorégraphe a commencé par entrer les
mots « jeune » et « mort » sur un moteur de recherche. Une avalanche d’informations a surgi : 76000
entrées connectant les deux thèmes ! En filtrant cette multiplicité, le chorégraphe a vu peu à peu émerger
un panorama d’attitudes et de réactions témoignant, dans la jeunesse actuelle, d’un imaginaire de la mort
puissant. Il a notamment constaté l’importance du thème du suicide, très présent dans les informations
circulant sur le net et témoignant d’une fascination morbide : suicides en direct sur le net, suicides collectifs
organisés au Japon via la toile, suicides des kamikazes musulmans... Si la mort est partout sur le net, elle
est pourtant étrangement déréalisée. Pour Rachid Ouramdane, les médias et la toile tendent à « vide[r] la
mort de son sens » en la traitant par la spectacularisation, la banalisation ou le déni. Avec « Les Morts
pudiques », Ouramdane cherche à réinvestir l’imaginaire de la mort de manière positive : il part à la
recherche de ce que l’idée de la mort « peut avoir de vitalisant » dans le monde d’aujourd’hui. -
Hexentanz
23 septembre 2011, par abdelEn 1913, Mary Wigman (1886-1973) quitte Hellerau, la célèbre école de rythmique dirigée par le musicien et pédagogue suisse Emile Jaques-Dalcroze (1865-1950) près de Dresde. Elle y a étudié deux ans, mais sort insatisfaite de cet enseignement qui, selon elle, met le mouvement au service de la musique et gomme la personnalité de l’interprète. Or Wigman a l’intuition que la danse peut se suffire à elle-même. Par le jeu de ses rythmes internes (respiratoires et physiologiques), le corps recèle sa propre musique et chacun possède la sienne : la danse doit pouvoir se fonder sur cette musicalité organique. Il faut l’explorer pour découvrir des potentialités de mouvement et d’expressivité inédites, loin des figures codifiées de la danse classique. Mary Wigman renonce à devenir professeur de rythmique et part en quête d’une nouvelle conception de la danse, émancipée de la musique.
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Le bleu est à la mode cette année
22 décembre 2011, par abdelDans « N°11 : Le bleu est à la mode cette année », titre choisi en référence à un chapitre de Roland
Barthes dans « Système de la mode », Laure Bonicel entreprend de décrypter et perturber les effets,
sournoisement omniprésents, des images publicitaires de mode sur la représentation de soi. Mannequins
irréels, silhouettes filiformes, visages radieux et sans âge. Ces stéréotypes, qui nous manipulent à notre
insu, sont passés au crible. Personne n’échappe à la mode, dit Laure Bonicel. Derrière le formatage des
corps, c’est cependant celui, « non moins collectif, des pensées et des identités » qui inquiète la
chorégraphe. L’uniformisation des différences, « cette obsession, si présente actuellement, de vouloir créer
des êtres identiques et de plus en plus performants », est une préoccupation récurrente de Bonicel
depuis ses débuts de chorégraphe, en 1993, à la tête de l’association Moleskine. « L’uniformisation ne
tend-elle pas vers une certaine forme de fascisme ? », s’interroge l’ex-danseuse d’Anne Teresa de
Keersmaeker, Odile Duboc et Mark Tompkins, dans un entretien avec Geneviève Vincent en 2001, au
moment de la création de « Millefeuilles ». -
Death of Adonis
23 septembre 2011, par abdelC’est dans la paisible retraite estivale de Mariarden, un village du New Hampshire abritant une colonie d’artistes de théâtre expérimental autour d’un centre d’art, que le chorégraphe américain Ted Shawn (1891-1972) trouve le temps, entre deux tournées de la Denishawn company et sans cesser ses activités pédagogiques(1), de régler pour lui-même le solo « Death of Adonis ». Nu, à l’exception d’une feuille de vigne judicieusement placée, le danseur se tient, au début de son solo, immobile sur un piédestal. Il est maquillé de blanc des pieds à la tête, son corps revêtant ainsi l’aspect d’une statue de marbre. Peu à peu, la statue s’anime : le danseur commence à respirer de manière visible, puis enchaîne au ralenti trente-deux poses. Inspirées de l’art antique (extrêmement en vogue au tournant des XIXe et XXe siècles), ces poses relatent des épisodes du mythe d’Adonis, dieu grec célèbre pour sa beauté et incarnant le principe mâle de la reproduction. Le solo « Death of Adonis » illustre une scène de chasse. Il se termine par une évocation de la mort du dieu, tué par un sanglier(2). La gravité des mouvements de Ted Shawn est soutenue par les accents de l’ « Adagio pathétique » de Benjamin Godard.
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A posteriori
22 décembre 2011, par abdelEn 1985, un an à peine après la fondation de La Liseuse, sa compagnie, Georges Appaix adopte le principe de titrer ses spectacles en suivant les lettres de l’alphabet. La même année, il connaît ses premiers grands succès de chorégraphe avec la création d’ « Agathe » (inspirée du personnage de la soeur d’Ulrich dans « L’Homme sans qualités » de l’auteur autrichien Robert Musil) et surtout d’ « Antiquités » (réglée sur les vers de « L’Odyssée » d’Homère)(1). Dès lors, l’oeuvre de l’artiste d’origine marseillaise (né en 1953) ne cessera plus d’approfondir ses liens avec la langue poétique, entendue non seulement comme un creuset de significations, mais aussi de sonorités, de textures, de rythmes propres à résonner dans les corps. Comme pour souligner la constance de son imprégnation littéraire, le corpus chorégraphique d’Appaix s’est construit au fil du temps sur le mode d’un abécédaire. Depuis « Basta » (1989), « De et par » (1991), « Erre de Trois » (1991), « F. » (1992), etc., jusqu’aux pièces récentes telles que « Non seulement... » (2003), « Once upon a time » (2004) et « Pentatonique » (2005), aucune oeuvre n’a dérogé à ce principe.
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Composition en temps réel
11 octobre 2011, par abdelJoão Fiadeiro (né en 1965) est âgé de 23 ans lorsqu’il découvre les méthodes d’improvisation des chorégraphes post-modernes américains. Formé à la danse au sein du Ballet Gulbenkian à Lisbonne, au début des années 1980, il n’est nullement familiarisé avec les techniques d’improvisation, hormis à travers des cours de danse-jazz. En 1988, une bourse d’études aux Etats-Unis l’amène à suivre les cours d’été du Jacob’s Pillow. Dans ce cadre, il est initié à l’improvisation structurée de Trisha Brown ainsi qu’à la contact-improvisation de Steve Paxton. Ces deux expériences se révèlent déterminantes pour l’aspirant-chorégraphe. A l’occasion de nombreux séjours à New York et Berlin, Fiadeiro approfondit et diversifie par la suite sa pratique de l’improvisation. João Fiadeiro est également impressionné par les recherches de Wim Vandekeybus. Ce chorégraphe belge, né en 1963, est marqué, lui aussi, par la contact-improvisation dont il propose une relecture d’une physicalité extrême.
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Hadid
22 décembre 2011, par abdelElle est française, il est égyptien. Née à Carthage (Tunisie) en 1964, Laurence Rondoni a participé à l’essor de la nouvelle danse française des années 1980, aux côtés de Daniel Larrieu, dont elle a été l’interprète pendant quinze ans. Elle crée aujourd’hui des oeuvres pluridisciplinaires. Mohamed Shafik est né en 1972 au Caire. Il y a fait ses débuts dans une troupe de danse folklorique, avant d’être engagé, en 1992, dans la compagnie de l’Opéra du Caire. Il découvre la danse contemporaine à travers des workshops, donnés notamment par des danseurs de Wim Vandekeybus et se lance dans la création chorégraphique en 2000.
Lorsque Laurence Rondoni et Mohamed Shafik se rencontrent au Caire, en 2002, rien ne les prédestine donc à travailler ensemble : itinéraires et univers esthétiques hétérogènes, conditions de vie et de travail très différentes. Leur projet de collaboration s’origine d’emblée dans le désir d’explorer des différences. Une première oeuvre en commun, le duo « Bel Arabi Feel », créé au CND en 2003, les montrait chacun dans son monde, radicalement étrangers l’un à l’autre, mais désireux pourtant de partager un espace de représentation. « Hadid » est la seconde collaboration de Laurence Rondoni et Mohamed Shafik et témoigne d’une nouvelle orientation dans leur partenariat artistique. -
Sans objet
21 décembre 2011, par abdelNée en 1971, d’origine franco-japonaise, Mié Coquempot a grandi à Genève où elle a reçu une formation
de pianiste de 1974 à 1989. A dix-huit ans, elle s’embarque pour New York où elle suit une formation en
danse à la Julliard School. Au cours de sa carrière d’interprète, menée essentiellement en France, elle a
notamment dansé pour Daniel Larrieu, Odile Duboc, Peter Goss et Serge Ricci.