Interprètes et répertoire au tournant des années 1990

 Interprètes et répertoire au tournant des années 1990

« Ouvriers de la danse », « interprètes-inventeurs » ou porteurs de répertoire : quel rôle pour les danseurs au sein de la création chorégraphique française ? A ce moment-clé du tournant des années 1990, le débat s’engage publiquement.

Présentation

Durant la décennie 1980 où la danse contemporaine a connu un développement fulgurant, la figure du chorégraphe auteur a été projetée sur le devant de la scène, laissant la contribution essentielle des danseurs interprètes en grande partie dans l’ombre. Au terme de cette décennie, ces derniers vont exprimer ce sentiment, que ce soit à travers la presse ou bien, par exemple, à l’occasion de soirées qui leur sont consacrées.

C’est dans ce contexte qu’éclosent différentes initiatives permettant aux interprètes de mettre en avant le rôle essentiel qu’ils tiennent dans le processus de création artistique puis de constitution d’une mémoire de cette création :

Patrick Bossatti, également plasticien, se positionne ainsi au service de l’interprète avec sa “Mana Danse” et ses déclinaisons successives, dans un dialogue fécond entre création et interprétation.

La compagnie La Ronde est créée pour explorer toutes les configurations potentielles dont peuvent s’emparer les interprètes pour faire vivre leur art en s’affranchissant du chorégraphe.

Enfin des compagnies de répertoire contemporain voient le jour et les interprètes y jouent un rôle de choix : que ce soit les interprètes d’un ballet contemporain comme le tout nouveau Ballet Atlantique-Régine Chopinot (BARC) assumant leurs créations personnelles avec leurs “Soli Bach”, ou bien que ce soit les interprètes d’une compagnie prenant en charge la transmission d’un répertoire dépossédé de son chorégraphe comme les Carnets Bagouet. Ces deux compagnies ont d’ailleurs l’occasion de collaborer autour de la reprise du Saut de l’ange de Dominique Bagouet en 1994 et d’échanger sur leurs pratiques d’interprètes.