J’espère avoir posé dans ces deux livres différentes notions permettant d’analyser des registres de reprises de danses très différents et que ce travail sera utile aux critiques, aux artistes, mais aussi aux théoriciens et aux historiens. Tout en me situant dans le champ de l’esthétique, je m’appuie entre autres sur les travaux des historiens. L’enjeu est que s’articulent ainsi deux histoires de la danse : celle produite par les historiens et celle qui est fabriquée par les artistes au (...)
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Bonus : entretien avec Isabelle Launay
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Le travail des circulations
27 février 2019, par sophie -
Sous le signe de deux fables artistiques
27 février 2019, par sophieFruits de quinze années de travail en discontinu, ces deux livres sont placés sous la veille de deux fables théoriques, esthétiques et artistiques qui m’ont servi de lignes de conduite. Elles ouvrent sur une forme d’engagement de ma part, la proposition d’une attitude vis-à-vis des répertoires et de la citation. Le premier volume s’ouvre sur une analyse d’un passage de La Rage de Pasolini (1963) : cette séquence, où la ballerine soviétique Galina Oulanova dansait La Mort du cygne de Michel (...)
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Un exemple, La Mort de Valeska Gert
27 février 2019, par sophieLe film que réalise Suse Byk sur La Mort de Valeska Gert (en 1925) est l’exemple même d’un matériel très « pauvre » : c’est un simple extrait mais il explose en quelque sorte à la figure de ceux qui le regardent, et pour diverses raisons. L’une d’entre elles est sans doute que Gert exploite là un geste qu’on peut dire universel : l’acte de mourir, le mouvement du mourir qui consiste simplement en une dernière expiration et un dernier mouvement de rémission, le dernier sursaut. Cette danse, (...)
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Une diversité de médiums
27 février 2019, par sophieDifférents médiums sont convoqués dans cette réactivation de matériaux passés. Beaucoup de danseurs copient des danses à partir de films : l’histoire de la danse s’enrichit alors de celle du cinéma qui tient une place essentielle dans ce travail de la citation. Mais ils s’appuient aussi sur des photographies, des partitions, sur la littérature, des récits autobiographiques d’autres danseurs, pour réincorporer leurs gestes. En ce sens, l’histoire de la danse, telle qu’elle se trame au sein (...)
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Citer, exciter
27 février 2019, par sophieAvec cette crise dans la transmission et l’expérience moderne de la discontinuité s’inaugure la possibilité de la citation. Citer, au sens étymologique, c’est mettre en mouvement. Il y a là une force motrice, une puissance d’action : on prend quelque chose, une danse en l’occurrence, on l’extrait d’un contexte, on la déplace pour la placer dans un autre contexte sur lequel cette citation va agir. Cela déplace ou incorpore un temps dans un autre temps, un corps dans un autre corps et même (...)
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La danse écrite de Rudolf Laban
27 février 2019, par sophieRudolf Laban, enfin, prend acte de la désagrégation des traditions orales en Europe provoquée par la crise de l’expérience dans les sociétés industrielles, capitalistes et urbaines. D’une certaine manière, il a l’idée que, derrière toute tradition, se cache une écriture du mouvement que l’on peut mettre au jour. Il pense que l’effort de transcription du mouvement va permettre d’inventer de nouvelles traditions, alors même qu’il y a une rupture dans l’expérience. C’est assez paradoxal : il (...)
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Le lore de Joséphine Baker
27 février 2019, par sophieL’œuvre de Joséphine Baker, quant à elle, est également marquée par une discontinuité liée à sa condition d’artiste afro-américaine, d’abord aux États-Unis puis en France. Elle invente des formes de survie liées à cette discontinuité existentielle pour s’imposer dans un monde de « Blancs », en faisant feu de tout bois pour intégrer et détourner à la fois les codes dominants et exotisants, les caricaturer. Elle crée à travers sa danse l’expression d’une identité diasporique faite de (...)
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Le montage chez Valeska Gert
27 février 2019, par sophieValeska Gert, pour sa part, n’a pas transmis ses danses ni même fait école. Elle travaille la discontinuité au coeur même de ses processus de composition, à travers le montage d’éléments hétéroclites. Sa danse ne part pas seulement d’une nécessité intérieure, d’un feu expressionniste, comme chez Wigman. Elle résulte aussi de nécessités extérieures : Valeska Gert extrait de la vie réelle des gestes, les cite, les intensifie et travaille à partir de ce montage de citations. Force est de (...)
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La possession chez Mary Wigman
27 février 2019, par sophieBien qu’elle ait fait école, Mary Wigman n’a pas voulu, du moins à ma connaissance, transmettre ses œuvres, et notamment ses solos. La discontinuité est ici volontaire parce qu’il s’agit d’être en quelque sorte possédé par sa propre danse, par des visions propres à organiser une danse, mais aussi de les posséder, de les maîtriser. Sous ce régime de la possession, l’œuvre est entièrement nouée à celui qui danse, elle ne peut être « interprétée », elle ne donne pas lieu à un « rôle », elle (...)
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La rupture comme une chance
27 février 2019, par sophieOn dit souvent que la danse scénique est un art éphémère, on déplore la perte des œuvres… Pourtant, en observant ce qui se passait malgré tout, malgré cette discontinuité, la rupture me semblait pouvoir être pensée aussi comme une chance, puisqu’on était alors émancipé des cadres de transmission légitimés et légitimants. Les œuvres revenaient à des endroits et à travers les artistes de façon imprévisible. Un comédien-chorégraphe venu des États-Unis et installé en France comme Mark Tompkins (...)