Le 25 novembre 1892, Ruth Saint Denis, appelée à devenir l’une des figures fondatrices de la danse moderne, n’est encore qu’une toute jeune adolescente lorsqu’elle assiste, médusée, à la représentation de the « Dance of the Day », donnée par Geneviève Stebbins (1857-v. 1914) au Madison Square Theatre de New York. Dans son autobiographie, écrite presque cinquante ans plus tard, en 1939, Ruth Saint Denis se souvient encore de l’effet saisissant produit par cette oeuvre, qu’elle décrit ainsi : « Au commencement de la scène, [Geneviève Stebbins] était allongée sur le sol, endormie ; puis, le soleil matinal la réveillait, et pour se baigner dans ses rayons, elle se dressait sur ses genoux, avec un adorable mouvement enfantin.
D’un pas léger et rythmé, elle signifiait le matin et le retrait de la lune. Ensuite commençaient les mouvements plus lents de l’après-midi, mêlés de tristesse au moment où les derniers rayons du soleil la ramenaient à genoux, puis à nouveau dans la posture couchée du sommeil. »(1) Pour Ruth Saint Denis, ce solo est déterminant : il va orienter toute sa carrière, en lui montrant le chemin d’une danse qui, affranchie du souci d’illustrer un texte (livret, poème...), raconte par le seul pouvoir d’évocation du mouvement et de son organisation dans le temps et l’espace. Le solo « Radha » qui, en 1906, lancera la carrière de Ruth Saint Denis et lui vaudra une réputation de pionnière, se situe ainsi dans la lignée de l’oeuvre de Geneviève Stebbins.
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Suquet, Annie
Articles
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Ruth Saint Denis - Dance of the Day
23 septembre 2011, par abdel -
Radha
28 septembre 2011, par abdel« Radha » est l’un des tout premiers solos créés par la danseuse américaine Ruth Saint Denis (1879-1968). C’est surtout celui qui, immédiatement remarqué, marque l’essor de la carrière de cette artiste en Europe et aux Etats-Unis. A la suite du succès de « Radha », l’obscure danseuse de music-hall Ruthie Dennis adopte le nom de scène de Ruth Saint Denis, avec lequel elle conquiert une notoriété internationale et devient l’une des chefs de file de ce qui sera considérée comme la première danse moderne. « Radha » ouvrira dans la carrière de Ruth Saint Denis une veine d’oeuvres d’inspiration orientale qui lui vaudront une immense réputation.
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Le Delsartisme
23 décembre 2011, par abdelProfesseur français de chant et de déclamation, François Delsarte (1811-1871) développe entre 1840 et 1870 une théorie de l’expression fondée sur le principe d’une correspondance entre geste et émotion. Son « système d’expression » est mis en oeuvre à travers des conférences et des démonstrations qui attirent un public nombreux et varié. Delsarte dispense son enseignement à Paris. Parmi ses élèves, on compte des chanteurs, des acteurs, des avocats, des hommes d’église, mais pas un seul (…)
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Isadora Duncan - Prélude
21 décembre 2011, par abdel« Prélude » est l’un des tout premiers solos créés par l’Américaine Isadora Duncan (1877-1927) sur une partition musicale non destinée à la danse. Cette appropriation par une danseuse d’une oeuvre dite de musique absolue, en l’occurrence le « Prélude n°7 en do mineur, op. 28 », de Frédéric Chopin, constitue un geste audacieux, voire sacrilège, dans le contexte culturel du tournant du siècle. Aux yeux d’une partie du public de l’époque, la grande musique était en effet cet art qui, dégagé des (…)
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Skirt dance
23 septembre 2011, par abdelNuméro en solo dansé par une femme, la skirt dance (danse de jupe) fait son apparition dans les théâtres de music-hall britannique autour de 1875. C’est le chorégraphe anglais John d’Auban qui conçoit le principe de ce genre de solo, mais c’est à la ballerine Kate Vaughan que revient l’idée d’abandonner le tutu, trop rigide, pour le remplacer par une longue jupe flottante, dont le mouvement fait partie intégrante de cette danse. Le terme même de skirt dance quant à lui est inventé par les critiques dans le sillage des premières représentations, au Gaiety Theatre de Londres, de la danseuse anglaise ainsi costumée. Beaucoup d’effet
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Hadid
22 décembre 2011, par abdelElle est française, il est égyptien. Née à Carthage (Tunisie) en 1964, Laurence Rondoni a participé à l’essor de la nouvelle danse française des années 1980, aux côtés de Daniel Larrieu, dont elle a été l’interprète pendant quinze ans. Elle crée aujourd’hui des oeuvres pluridisciplinaires. Mohamed Shafik est né en 1972 au Caire. Il y a fait ses débuts dans une troupe de danse folklorique, avant d’être engagé, en 1992, dans la compagnie de l’Opéra du Caire. Il découvre la danse contemporaine à travers des workshops, donnés notamment par des danseurs de Wim Vandekeybus et se lance dans la création chorégraphique en 2000.
Lorsque Laurence Rondoni et Mohamed Shafik se rencontrent au Caire, en 2002, rien ne les prédestine donc à travailler ensemble : itinéraires et univers esthétiques hétérogènes, conditions de vie et de travail très différentes. Leur projet de collaboration s’origine d’emblée dans le désir d’explorer des différences. Une première oeuvre en commun, le duo « Bel Arabi Feel », créé au CND en 2003, les montrait chacun dans son monde, radicalement étrangers l’un à l’autre, mais désireux pourtant de partager un espace de représentation. « Hadid » est la seconde collaboration de Laurence Rondoni et Mohamed Shafik et témoigne d’une nouvelle orientation dans leur partenariat artistique. -
Isadora Duncan - La Mère
23 décembre 2011, par abdelEn 1921, Isadora Duncan (1877-1927) est invitée par le commissaire à la Culture de la toute jeune Union soviétique, à venir fonder à Moscou une école de danse gratuite. C’est la consécration du rêve de toute une vie, celui d’une danse enfin accessible à tous(1). L’artiste américaine chorégraphie des danses de groupe sur des chants russes populaires ou révolutionnaires, notamment sur l’hymne communiste de l’Internationale. Ses étudiants les dansent en tournée à travers les républiques de (…)
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Isadora Duncan - La Marseillaise
23 décembre 2011, par abdelC’est dans une France déchirée par la première guerre mondiale que la danseuse Américaine Isadora Duncan (1877-1927) crée le solo intitulé « La Marseillaise », sur l’hymne militaire du même nom composé par Claude-Joseph Rouget de Lisle en 1792(1). Jouant de la référence révolutionnaire et patriotique, Isadora Duncan, drapée de rouge(2), chorégraphie un solo puissamment émotionnel pour exhorter les Français au courage et à la résistance contre l’ennemi. La danseuse, très attachée à la France, (…)
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Aicnêtsixe
22 décembre 2011, par abdelPremier volet d’un projet en deux temps, « Aicnêtsixe » (« Existência », écrit à l’envers ) est l’aboutissement d’un processus de travail mené à partir de la méthode de composition en temps réel, formulée par João Fiadeiro depuis 1997. Le chorégraphe portugais a élaboré sa méthode à travers des solos (voir « Self(ish)-Portrait »), avant de l’appliquer à des pièces de groupe. « Aicnêtsixe » est l’un des premiers chantiers de recherche de grande envergure lancés par Fiadeiro pour explorer les principes de composition en temps réel dans le cadre d’une création collective. Dans sa phase finale, « Aicnêtsixe » rassemble une équipe de neuf personnes autour de Fiadeiro.
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Magyar Tancok
22 décembre 2011, par abdelEn 2004, à l’occasion d’un voyage en Hongrie, son pays natal, Eszter Salamon redécouvre la danse
traditionnelle hongroise, base de sa formation de danseuse. En effet, si Salamon est aujourd’hui reconnue
comme une interprète et une chorégraphe contemporaine, elle a pratiqué la danse traditionnelle de cinq à
vingt ans. Elle l’a ensuite abandonnée pendant quinze ans pour s’adonner à la danse classique d’abord,
puis à diverses formes de danse contemporaine.
En plongeant à nouveau dans les danses traditionnelles, Salamon a donc vécu un retour aux sources. Elle
a retrouvé intacte la jubilation de ces danses collectives. C’est d’ailleurs à ses yeux un aspect foncièrement
subversif de nombreuses danses traditionnelles que d’inviter au déferlement d’un plaisir partagé plutôt que
de « viser à la productivité ». Cette expérience a également permis à Eszter Salamon de renouer avec
un héritage familial, puisque ces danses lui ont été transmises par sa mère, professeur de danse folklorique
hongroise.